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Les dunes de Flandre maritime, filles de la mer et du vent

A partir du 06 juillet 2021

Mer du Nord à perte de vue, les pieds posés sur le fin trait séparant la France de la Belgique que chacun(e) peut repérer sur n’importe quel planisphère. Vous voilà à Bray-Dunes, dans la dune du Perroquet, sur le sentier de la frontière, lors d’une visite guidée organisée par le CPIE Flandre maritime, à la découverte des espaces dunaires filles de la mer et du vent.

Les dunes, filles de la mer…

Présentons tout d’abord « la maman » : la mer du Nord, au gré des vagues qui s’échouent sur l’estran, dépose inlassablement sur le sable des débris d’algues, de coquillages, de bois, d' « os » de seiche, de plumes, de carapaces de crustacés… Donnant naissance à un véritable écosystème (hélas parfois pollué par plastiques, papiers et autres déchets d’origine humaine, ramassés régulièrement par les gardes du Département du Nord) qui accouche lui-même d’une précieuse chaîne alimentaire. Dans cette matière organique offerte par la mère, petits crustacés, oiseaux ou des poissons à marée haute y trouvent de quoi s’alimenter, avant d’être eux-mêmes la proie d’autres prédateurs. 

Sans laisse de mer, pas de vie sur la plage… et pas de dunes ! « Car cette laisse de mer, dont on pourrait croire qu’elle ne sert à rien, est en fait un excellent engrais pour les plantes de sable, comme le coquillier maritime qui fleuri l’été, raconte sable en main Bart Bollengier, guide du CPIE. Cette plante se développe dans le sol sans qu’on ne la voit et attend la pluie pour pousser jusqu’à 20-30 cm de haut. Elle attire également des insectes, retient le sable et forme de toutes petites dunes sur un axe nord-ouest, car c’est le vent dominant. Voilà ainsi formées les dunes embryonnaires, premier rempart contre le sel qui est nocif pour toute vie végétale et animale dans les dunes. »

… et filles du vent !

Voilà l’autre parent des dunes flamandes : le vent. Quand il souffle, il déplace des quantités phénoménales de grains de sables, « amincissant » ainsi la plage pour « grossir » les dunes. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les dunes ne sont pas statiques. C’est au contraire un espace vivant, sans cesse en mouvement. Poussé sans cesse par le vent, le sable subit inlassablement une réaction en chaîne, participant à une course effrénée vers le sud, créant ainsi diverses ambiances dunaires.

La dune embryonnaire

Tout d’abord, au sud des dunes embryonnaires, à l’abri du vent et du sel, « nourries » par le soleil, se développent des espèces végétales telles que le chiendent. Poussant plus haut que le coquiller maritime, il crée donc des dunes plus grandes appelées avant-dunes. « La dune embryonnaire, c’est celle sur laquelle on pose sa serviette quand on en bord de plage, rappelle Bart Bollengier. Et en s’y installant, on tasse la sable… Sans le savoir, sans le vouloir, on perturbe l’écosystème dunaire. »

La dune blanche

Au sud de celles-ci, d’autres espèces se développent, comme l’élyme des sables (belle graminée bleue) et surtout l’oyat, une graminée capable de supporter un très fort taux d’ensablement (elle peut recevoir un mètre de sable par an sans être étouffée !) et de pousser jusqu’à 30 m de haut si elle est alimentée en sable frais.

Voilà les célèbres dunes blanches, véritables remparts qui protègent le polder de la mer. « Une différence de température se ressent immédiatement quand on se trouve au sud de la dune, explique Bart Bollengier. A l’abri de la dune, elle peut être de 15-20 °C ! On passe d’un milieu maritime à un milieu quasi désertique, ce qui explique qu’il y ait peu de variété de plantes, une quinzaine d’espèces spécifique au littoral. » S’y développe par exemple le panicaut maritime reconnaissable l’été à ses fleurs bleues, plante mellifère (butinée par les abeilles), tandis que le cochevis huppé y niche.

La dune grise

Toujours au sud, faute de sable puisque le vent bute contre la dune, l’oyat meurt, se décompose. Voici la dune grise, au sol riche composé de mousses et de lichens, à la couleur brunâtre par temps sec, vert après la pluie. Ce milieu fragile, incroyable de richesse écologique, est protégé au niveau européen. « Car il y a ici aujourd’hui beaucoup moins de lapins que voilà quelques décennies, détaille Bart Bollengier. Or, ils débroussaillaient naturellement cet espace et limitaient la croissance des arbres et arbustes. Aujourd’hui, ce débroussaillage est assuré par l’homme, mécaniquement ou manuellement. »
D’autres animaux renforcent cette action dans ces zones défrichées transformées en prairies dunaires : poneys et moutons sont mis en pâturage. On y trouve des espèces de petite taille, à la floraison généreuse comme la violette de Curtis, l’oprin brûlant, l’arrête-bœuf, et en prêtant oreille, vous entendrez peut-être le chant de la linotte mélodieuse ou du rossignol. 

Les pannes humides

C’est en périphérie de ces dunes grises que se créent les pannes humides. « Passant entre deux dunes blanches, le vent chasse le sable et forme alors une dune parabolique, en forme de croissant, décrit Bart Bollengier. Sa force chasse pousse le sable de surface toujours plus loin, laissant affleurer alors au cœur de ce croissant le sable humide et la nappe phréatique : une panne se crée. »

Vous y croiserez de nombreux amphibiens (comme le crapaud calamite, le triton crêté ou la grenouille rousse), croiserez peut-être la bouscarle de Cetti, le phragmite des joncs ou le petit gravelot, au sein d’un espace remarquable sur le plan floristique (carex, écuelle d’eau, parnassie des marais, gentiane uligineuse, choin noircissant…).

La dune arbustive et boisée

Enfin, à la bordure sud de ces dunes grises, place aux dunes arbustives, zone de fourrés denses formé d’argousiers, de sureaux, de saules des dunes, de ronces et d’églantiers.  La fauvette à tête noire y pousse parfois la chansonnette. Vient ensuite la dune boisée (on peut même parler de bois au sol sableux), qui se développe… parfois un peu trop car elle a tendance à grignoter les espaces de dune grise. 

Grâce au Sentier de la frontière, parcours expérimental qui permet de découvrir la variété des espaces dunaires, vous pourrez connaître plus précisément la mosaïque des paysages du bord de mer, auquel s’ajoute la dune fossile de Ghyvelde. Autant d’espaces que les gardes du Département du Nord s’emploient à surveiller et à préserver, près de 1000 ha à découvrir et à respecter en participant aux visites proposées par le CPIE Flandre Maritime. 

Respectez la dune !
·   Ne quittez pas les sentiers balisés et respectez le travail des gestionnaires des sites, des agriculteurs et des forestiers.
·   Protégez la faune, la flore et l’environnement : emportez vos détritus.

Info +
CPIE Flandre maritime, rue Jean-Delvallez, 59123 Zuydcoote,
03 28 26 86 76.
www.cpieflandremaritime.fr

Photos CUD – Pierre Volot – AGUR – CPIE – Christophe Bonte